L’Autoroute A28, suite…

14/05/2003 | Actualités

Nous le redoutions, et les faits se précisent ! …
Autoroute A28, suite…

Nous le redoutions, et les faits se précisent !

Dans un précédent message, nous faisions part de nos craintes relatives à d’éventuelles destructions de sites archéologiques par la construction de l’A28. Nous avons bien confirmation aujourd’hui, de la bouche même du Conservateur Régional de l’Archéologie, que tous les sites mis en évidence ne seront pas fouillés. Première « victime » : un habitat du XIe au XVIe siècle non loin de Brionne.

Ce mercredi 14 mai, des élus et des bénévoles du patrimoine ont provoqué une réunion de concertation avec le Conservateur de l’Archéologie et des fouilleurs de l’INRAP (Institut National pour la Recherche Archéologique Préventive) en présence des 3 journalistes de la presse locale et régionale.

Nous avons bien entendu le propos du Directeur du SRA (Service Régional d’Archéologie) : compte tenu des moyens dont il dispose et des délais qui lui sont impartis, devant le nombre et l’intérêt des sites mis en évidence dans l’Eure par les sondages, il a dû prendre la décision de ne pas fouiller certains sites lui apparaissant comme de moindre intérêt. Il est clair que ce passionné d’archéologie s’efforce de faire pour le mieux dans la marge de manoeuvre plus qu’étroite dont il dispose.

Pour autant, nous n’avons pas oublié la promesse qui nous avait été faite, voici longtemps déjà, que « tout ce qui devait être fouillé le serait ».

Nous avons écouté également avec attention les propos des fouilleurs qui dénoncent les conditions dans lesquelles ils travaillent : pas assez de personnel (plusieurs centaines de contrats de fouilleurs de l’INRAP n’ont pas été renouvelés, et l’archéologie préventive manque donc cruellement de bras : ils ne sont que 20 à fouiller les 125 kms de parcours), pas assez de temps, les délais accordés lors de l’élaboration du projet final étant bien plus courts que ceux qui avaient été demandés par les archéologues.

Il ressort de cette longue réunion que chacun des « acteurs » (que ce soit les fouilleurs, leur direction ou la société ALIS qui construit l’autoroute) fait de son mieux. Mais la carence des institutions qui nous dirigent, leur impossibilité à tenir les promesses qu’ils ont faites vont conduire à la destruction irrémédiable de lambeaux entiers de notre histoire.

Alors, bien sûr, cette autoroute est d’une certaine façon une chance pour la connaissance de notre passé. Sans sa construction, combien de temps encore aurions-nous ignoré que 10 000 ans avant Jésus-Christ des hommes vivaient déjà dans l’Eure ? Mais pouvons nous accepter sans regret ni révolte que cette découverte majeure se « paye » par la destruction, la perte définitive de nombreux autres renseignements qui auraient pu venir compléter un peu plus encore ce que nous savons déjà de nos lointains ancêtres ?

Agnès Vermersch, Présidente de l’AMSE
Renée, Pierre et Guillaume Roussel, bénévoles du patrimoine
Et tous les amis solidaires
Le 14 Mai 2003
www.amse.asso.fr
info@amse.asso.fr

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