Plaidoyer pour le Manoir de Coudray

27/09/2003 | Actualités

Vous êtes un ami du patrimoine et mon cadre vous séduit… Si vous vous intéressez à moi, si je puis vous faire confiance, alors bienvenue. Je suis le Manoir du Coudray. Mon âge est respectable, je suis assez gravement malade, mais je sais que je peux guérir, je peux vivre et de nouveau accueillir la vie et donner du bonheur pour peu que l’on me soigne…
origine de ma maladie est simple et classique : de noble demeure, l’on a fait de moi une simple ferme. Et lentement, ne pouvant m’adapter au modernisme agricole, j’ai été un peu malmené et puis abandonné. 
Les contraintes de la vie moderne ne permettent pas à mes maîtres, qui exploitent la terre, de consacrer du temps et des moyens pour s’occuper de moi. Cependant ils ne veulent pas me voir détruire ou mutiler pour des ambitions ou des projets qui seraient pour moi une déchéance. Mes maîtres me respectent, mais le temps fait son oeuvre! J’ai vu le jour au tout début du XVII° siècle, édifié par la famille du Coudray, établie à Conches depuis plusieurs générations. C’est probablement Jacques du Coudray, qui m’a donné son nom ; c’est sans doute son père qui a donné le vitrail du « triomphe de la Vierge » à l’église Sainte Foy.

A l’origine j’étais sur la paroisse du Vieux-Conches, réunie à Conches en 1791. Sur ma terre se trouvaient les forges des Vauxgoins, la terre de Blanche-Maison dite Balivière où se trouve un manoir à pans de bois aujourd’hui restauré. Les maîtres de forges résidaient au Vieux-Conches mais jamais au Coudray

Vers 1655 je fus saisi, vendu et passai entre plusieurs mains, pour échoir un siècle plus tard à Messire Jean-Jacques Livet de Saint-Mars (depuis on m’appelle aussi Manoir de Saint-Mars). La ferme fut alors réunie au vaste domaine foncier des Forges du Vieux-Conches.

Au XVII° j’étais pour les grandes familles une « Maison des champs », parfois qualifiée de ferme ou de métairie. Mais au XVIII° mes propriétaire avaient prétention de respectabilité et m’appelaient Château, et j’ai connu de grandes heures lors d’un baptême en 1751 dans ma chapelle, en présence d’un Pottier de Gesvres, Duc de Tresmes pour parrain et d’une Montmorency-Luxembourg, princesse de Tingry pour marraine.

Comme il est courant à l’époque, je suis intégré à un vaste ensemble quadrangulaire fermé de murailles et flanqué dans chaque angle de remarquables tours carrées, très soignées, avec ce bel appareil de briques losangé de noir. Hélas il ne reste aujourd’hui que trois de mes tours ; l’une d’elle abritait la chapelle : elle a été détruite. 

Vous pouvez le constater, j’ai conservé mon environnement champêtre immédiat. Il est ma parure et j’ai bon espoir de pouvoir le conserver avec mon authenticité, si je passe un jour dans de nouvelles mains.
Ma construction est soignée et saine. Vous avez là le corps de logis, belle bâtisse en briques décorée de briques vernissées noires que l’on retrouve souvent dans les constructions XVIe et XVIIe.
Il faut remarquer la qualité des cheminées et la décoration. On a utilisé, en plus de la brique, des pierres pour les chaînages d’angles, les clés de voûte des ouvertures, le cordon inférieur ; on trouve aussi quelques blocs de grès. Je repose sur une cave semi enterrée.

Bien sûr, vous le constatez, une insidieuse gangrène s’est installée, mais rien n’est encore perdu….la vie peut revenir.

J’ai confiance, aidez moi !

Addendum du 27 mars 2018

Le logis a été détruit en 2012.