
L’Autoroute A28, suiteâŠ
Nous le redoutions, et les faits se précisent !
Dans un prĂ©cĂ©dent message, nous faisions part de nos craintes relatives Ă d’Ă©ventuelles destructions de sites archĂ©ologiques par la construction de l’A28. Nous avons bien confirmation aujourd’hui, de la bouche mĂȘme du Conservateur RĂ©gional de l’ArchĂ©ologie, que tous les sites mis en Ă©vidence ne seront pas fouillĂ©s. PremiĂšre « victime » : un habitat du XIe au XVIe siĂšcle non loin de Brionne.
Ce mercredi 14 mai, des Ă©lus et des bĂ©nĂ©voles du patrimoine ont provoquĂ© une rĂ©union de concertation avec le Conservateur de l’ArchĂ©ologie et des fouilleurs de l’INRAP (Institut National pour la Recherche ArchĂ©ologique PrĂ©ventive) en prĂ©sence des 3 journalistes de la presse locale et rĂ©gionale.
Nous avons bien entendu le propos du Directeur du SRA (Service RĂ©gional d’ArchĂ©ologie) : compte tenu des moyens dont il dispose et des dĂ©lais qui lui sont impartis, devant le nombre et l’intĂ©rĂȘt des sites mis en Ă©vidence dans l’Eure par les sondages, il a dĂ» prendre la dĂ©cision de ne pas fouiller certains sites lui apparaissant comme de moindre intĂ©rĂȘt. Il est clair que ce passionnĂ© d’archĂ©ologie s’efforce de faire pour le mieux dans la marge de manoeuvre plus qu’Ă©troite dont il dispose.
Pour autant, nous n’avons pas oubliĂ© la promesse qui nous avait Ă©tĂ© faite, voici longtemps dĂ©jĂ , que « tout ce qui devait ĂȘtre fouillĂ© le serait ».
Nous avons Ă©coutĂ© Ă©galement avec attention les propos des fouilleurs qui dĂ©noncent les conditions dans lesquelles ils travaillent : pas assez de personnel (plusieurs centaines de contrats de fouilleurs de l’INRAP n’ont pas Ă©tĂ© renouvelĂ©s, et l’archĂ©ologie prĂ©ventive manque donc cruellement de bras : ils ne sont que 20 Ă fouiller les 125 kms de parcours), pas assez de temps, les dĂ©lais accordĂ©s lors de l’Ă©laboration du projet final Ă©tant bien plus courts que ceux qui avaient Ă©tĂ© demandĂ©s par les archĂ©ologues.
Il ressort de cette longue rĂ©union que chacun des « acteurs » (que ce soit les fouilleurs, leur direction ou la sociĂ©tĂ© ALIS qui construit l’autoroute) fait de son mieux. Mais la carence des institutions qui nous dirigent, leur impossibilitĂ© Ă tenir les promesses qu’ils ont faites vont conduire Ă la destruction irrĂ©mĂ©diable de lambeaux entiers de notre histoire.
Alors, bien sĂ»r, cette autoroute est d’une certaine façon une chance pour la connaissance de notre passĂ©. Sans sa construction, combien de temps encore aurions-nous ignorĂ© que 10 000 ans avant JĂ©sus-Christ des hommes vivaient dĂ©jĂ dans l’Eure ? Mais pouvons nous accepter sans regret ni rĂ©volte que cette dĂ©couverte majeure se « paye » par la destruction, la perte dĂ©finitive de nombreux autres renseignements qui auraient pu venir complĂ©ter un peu plus encore ce que nous savons dĂ©jĂ de nos lointains ancĂȘtres ?
AgnĂšs Vermersch, PrĂ©sidente de l’AMSE
Renée, Pierre et Guillaume Roussel, bénévoles du patrimoine
Et tous les amis solidaires
Le 14 Mai 2003
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